dépiter

dépiter

dépiter [ depite ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1450; « mépriser » v. 1200; de dépit
Causer, donner du dépit à (qqn). 1. chagriner, contrarier, décevoir, désappointer, froisser, vexer. Son récent échec au concours l'a dépité. Pronom. Se dépiter : éprouver, concevoir du dépit. « je me dépitai de telle sorte contre l'ingratitude du siècle » (Molière). ⊗ CONTR. Combler, contenter, satisfaire ; réjouir (se).

dépiter verbe transitif Causer à quelqu'un du dépit, de l'amertume, de la rancœur ; vexer : Cet échec m'a profondément dépité.

dépiter
v. tr. Litt. Causer du dépit à. Votre refus l'a dépité.

⇒DÉPITER, verbe trans.
Causer du dépit (à quelqu'un). Je suis dépité de voir un homme aussi original que vous abîmer son œuvre par de pareils enfantillages (FLAUB., Corresp., 1879, p. 225) :
1. Écarter soigneusement les contrariétés inutiles, et surtout ne pas laisser s'accumuler l'humeur sans y prendre garde. Ce qui dépite d'abord une femme c'est de n'être pas devinée ni comprise; ce dépit pourra bien se tourner en mépris et en colère.
AMIEL, Journal intime, 1866, p. 131.
PARAD. a) Synon. contrarier, décevoir, désappointer, froisser, irriter, mécontenter. b) Anton. apaiser, calmer, contenter, satisfaire.
Emploi pronom. réfl. Concevoir, manifester du dépit. (Quasi-) synon. se fâcher, être chagriné :
2. ... il me semble que je deviens douce, que je m'attendris trop, que je n'ai plus ma vieille exécration d'autrefois; je me dépite, je me ronge, cela me fait plaisir et mal tout ensemble, le cœur me démange, ...
FLAUBERT, La Tentation de St Antoine, 1849, p. 324.
Fam. Se dépiter contre son ventre. Se priver de manger pour manifester son dépit (cf. J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p. 51).
Rem. On rencontre ds la docum. l'emploi adj. dépitant, ante. Le vrai Cid ne ressemble presque en rien à celui de la légende (...) c'est là un désaccord assez dépitant et désagréable (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 7, 1863-69, p. 224).
Prononc. et Orth. :[depite], (je) dépite [depit]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1200 « mépriser » (Dialogue Grégoire, 10, 5 ds T.-L.) — XVIe s. ds HUG.; 2. 1310-40 être despitié « être irrité » (J. DE CONDÉ, Dits et Contes, II, 113, 73 ds T.-L.); ca 1450 se dépiter « s'irriter (contre quelque chose) » (Mistère Viel testament, éd. J. Rothschild, 38022). Dénominatif de dépit « mépris » et « irritation »; dés. -er. Fréq. abs. littér. :56 (dépitant : 2).

dépiter [depite] v. tr.
ÉTYM. V. 1200, « mépriser »; sens mod., v. 1450; de dépit.
Causer, donner du dépit (à qqn). Chagriner, contrarier, décevoir, désappointer, froisser, vexer. || Son récent échec au concours l'a dépité.
1 (…) rien ne nous dépite davantage que de voir qu'elle (l'imagination) remplit ses hôtes d'une satisfaction bien autrement pleine et entière que la raison.
Pascal, Pensées, II, 82.
2 À présent que je recouvrais contenance, ce qui me dépitait surtout c'est que, des six Espagnoles ou gitanes que cette fête rassemblait, celle qui m'avait « jeté le mouchoir » était de beaucoup la moins belle.
Gide, Journal, Elche 1910.
Vx. (Sujet n. de personne). || Dépiter un enfant en ne tenant pas ses promesses.
——————
se dépiter v. pron.
ÉTYM. (V. 1450).
Éprouver, concevoir du dépit.
3 (…) je me dépitai de telle sorte contre l'ingratitude du siècle, que je résolus de ne plus rien faire.
Molière, les Fourberies de Scapin, I, 2.
4 Je sentais cette inconséquence dans toute sa force, je me la reprochais, j'en rougissais, je m'en dépitais : mais tout cela ne put suffire pour me ramener à la raison.
Rousseau, les Confessions, IX.
5 Chacun d'eux se dépitait à ne sortir de soi rien que de sec, de contraint (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, I, IX, p. 103.
Fam. || Se dépiter contre son ventre : ne pas manger pour montrer son dépit. Bouder.
——————
dépité, ée p. p. adj.
Qui éprouve du dépit. Contrarié, désappointé.
6 (…) à l'offre des vœux d'un amant dépité
Trouvez-vous, je vous prie, entière sûreté ?
Molière, les Femmes savantes, I, 1.
7 (…) elle se fit aider d'une ou deux jeunes fillettes de ses amies, lesquelles, un peu dépitées aussi du mépris que Landry paraissait faire d'elles en ne les priant plus jamais à danser, se mirent à surveiller si bien la petite Fadette, qu'il ne leur fallut pas grand temps pour s'assurer de son amitié avec Landry.
G. Sand, la Petite Fadette, XXVIII, p. 184.
Par ext. Qui montre du dépit. || Visage, air dépité. Contrarié, désappointé.
CONTR. Contenter, réjouir (dans les emplois transitifs et pronominaux), satisfaire. — (Du p. p.) Comblé, content, heureux, satisfait.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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